Montpellier : le Campus de l’Esma, « un des plus beaux d’Europe »
L’École supérieure des métiers artistiques a emménagé en septembre dans des locaux flambant neufs, à la place de l’ancienne École d’Application de l’Infanterie. Visite.
Envahie par les grues, l’immense friche de l’École d’application de l’infanterie laisse la place à un nouveau quartier. Dédiée aux industries culturelles et créatives (ICC), cette Cité créative a posé ses premiers jalons il y a tout juste deux ans, avec la Halle tropisme. Avec 100 000 visiteurs et plus de 200 entrepreneurs accueillis dès la première année, le défi était déjà bien lancé.
À quelques centaines de mètres, le Campus créatif, qui a accueilli ses premiers étudiants cet automne, semble lui aussi promis à un joli succès. Avec près d’un millier d’étudiants répartis sur quatre écoles, il est déjà une référence nationale en matière d’enseignement supérieur spécialisé dans les arts numériques. Sa grande force est de faire cohabiter étudiants et entrepreneurs des ICC.
« Un quartier basé sur la qualité de vie »
Karim Khenissi, directeur de l’Esma et du réseau Icônes, est la cheville ouvrière de ce projet. « C’est le fruit de près de deux ans de réflexion avec les architectes et les collectivités, jusqu’à l’obtention du permis. Il a ensuite fallu six à huit mois de consultation des entreprises, et enfin 26 mois de travaux. »
« Nous nous sommes investis à 2 000 % dans ce projet de Cité créative, explique-t-il. Tout a été fait comme si on cherchait à être la meilleure école, non pas en France mais au niveau européen et même au-delà. On a fait un campus gigantesque, à l’image du hall qui est sur trois hauteurs, comme dans un hôtel luxueux. C’est un autre monde. »
« On s’est dit que cette Cité créative allait avoir du sens et donner du sens à ce qu’on fait et ce qu’on est »
L’investissement, estimé à 37 millions d’euros, est à la hauteur du défi. « On s’est endettés de façon importante, on a pris des risques pour être à la hauteur de ce projet, poursuit le directeur. On s’est dit que cette Cité créative allait avoir du sens et donner du sens à ce qu’on fait et ce qu’on est. «
Les installations ont de quoi faire rêver, à l’image du Fablab (atelier regroupant établis et imprimantes 3D, permettant de modéliser en volume des créations). Car ce campus s’insère dans un ensemble plus vaste. « On fait un quartier basé sur la qualité de vie, où les gens peuvent vivre, travailler, dormir, étudier, faire la fête, faire du sport. Avant, quand on pensait la ville, on juxtaposait des lieux, mais sans faire attention à la façon dont les gens allaient s’approprier l’espace. Là, on a essayé de penser à tout. »
Le Cocon, un joyau qui va bientôt sortir de terre
Un bâtiment est à peine achevé qu’un autre sort déjà de terre ! Le Cocon verra le jour à la place du bâtiment abritant l’ancienne salle de réunion de l’EAI.
« On reconstruira cinq étages sur 2 200 m², dont un en soussol, explique Karim Khenissi. Il y aura quatre salles de danse pour l’école Epsedanse, dont une multimédia de 339 places. De grandes parois vitrées sur trois faces laisseront entrer la lumière. On y trouvera aussi une salle d’exposition dédiée au street art, un restaurant avec terrasse, des bureaux sur 500 m² accueillant des entreprises dédiées aux ICC. Car quand elles quittent la Halle tropisme, elles se développent et passent par exemple de 8 à 30 salariés. Dans l’attente d’un lieu qui verra le jour ultérieurement, elles trouveront ici des locaux adaptés. »
La première pierre devrait être posée en mai.
Auteur: GUILLAUME RICHARD